La thématique du cygne est en vogue, depuis la sortie du film Black Swan de Darren Aronofsky, c’est donc le moment idéal de vous parler, un an après sa sortie, de Llyr, dernier opus en date des Emiliens-Romagnols d’Ataraxia, lequel place l’anatidé au centre de son inspiration et de l’analogie qu’il exhale de sa forme avec la lyre, instrument symbole de la world music à laquelle la formation néoclassique s’affilie un peu plus à chaque album. Cela étant dit, la comparaison s’arrêtera là, net, car autant du film syncopé et claustrophobe mettant en scène Natalie Portman, Mila Kunis, Winona Ryder et Vincent Cassel émane tortures physiques comme mentales et discordes initiatiques, autant Llyr, avec une force comparable, assemble tempérance, prudence, courage et justice.
Sur la table d’harmonie s’effilent dix cordes chamaniques, dont chacune raconte une histoire propre, envoûtante et éthérée, passant d’un continent à un autre, à l’aune d’une sagesse sans cesse grandissante, tantôt sussurée, tantôt clamée, parfois même grondée.
"Siqillat" nous conte l’épopée de cet être illuminé -a-t-il laissé son patronyme au village drômois du Poët-Sigillat, sur la route du col qui relie Sainte-Jalle et Remuzat ? Nul ne le sait. Il va pourtant parsemer l’ensemble de l’ouvrage de son esprit polymorphe et guérisseur.
C’est essentiellement de la féérie et de l’enchantement qui émane de Llyr, dont l’auditeur avait bien besoin depuis les trois années qui séparent sa sortie de son prédécesseur, Kremasta Nera. Le quatre vertus cardinales s’enchevêtrent donc avec les quatre éléments, les quatre saisons et les cinq continents, et cette alliance nouvelle et éternelle forge un tout, unique et vigoureux, tant dans l’expression que les thèmes abordés.
Il est donc de bonne augure de retrouver Ataraxia, en toute sincérité et sérénité, dans une de ses meilleures formes végétale, animale et minérale.