Les acteurs de l'ombre

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Ataraxia - Llyr

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De retour de la péninsule italienne, au terme d’un excellent séjour, je suis d’autant plus inspirée pour parler du dernier album d’Ataraxia. Le groupe originaire de la ville de Modène (Emilie-Romagne), nous offre là un joyau musical supplémentaire à sa discographie déjà bien fournie. Une merveille évidemment estampillée du label Prikosnovénie, un voyage de plus dans l’univers riche, ésotérique et envoûtant d’Ataraxia. Ils se sont, au fil des années, imposés tout naturellement dans la scène dark folk/néofolk européenne. Leur musique mêlant des ambiances médiévales et Renaissance, mariant des chants ésotériques à la world music, avait en effet largement de quoi leur faire gagner leurs lettres de noblesse dans ce paysage musical.

Pour ce tout nouvel album intitulé Llyr, le groupe a voulu rendre hommage à la Terre Mère, et aussi conter l’histoire du chaman Siqillat, un guérisseur. Cet album est du reste empreint d’une appréciable sérénité, qui pourrait bien apaiser nos nerfs fragilisés par les diverses épreuves de la vie quotidienne… Plonger dans la musique d’Ataraxia, c’est toujours un voyage qui nous emmène dans des sphères où l’on aime s’attarder, se ressourcer, voire se retrouver. Cet album narratif, doublé d’un superbe hommage à notre Terre et à la nature, ne fera pas exception à la règle.

«Llyr » fait référence à la l’instrument des poètes lyriques grecs et des Bardes ; on a donc une nette allusion aux chants passés, à des airs mystiques d’autrefois, cependant le travail d’Ataraxia est loin de s’en tenir là. Leur musique est certes nimbée de ce parfum ancien, mais leur originalité, la personnalité qui s’en dégage est tournée résolument vers nous, vers le contemporain qu’ils illuminent de ce somptueux folk païen. Et même vers l’avenir…ces mélopées ont quelque chose d’intemporel, à la lisière des siècles, des époques, une même quête : la recherche d’une lumière. L’album s’ouvre sur le titre « Sigillat », où il est donc question de ce chaman guérisseur… d’emblée, les mélopées émouvantes, les notes de guitares sèches plantent le décor, la voix de Francesca arrive, magistrale et douce, enveloppée de temps à d’autres d’échos accentuant sa profondeur. Les percussions discrètes mais rythmées, les airs de violon forment un ensemble tellement accrocheur que, dès ce premier titre, je fus littéralement capturée par cet album. Ensuite nous partons avec eux, on veut les suivre, encore et encore, on ne veut plus que ce conte s’arrête… Tout au long de ces 10 chansons, en dépit d’une certaine homogénéité bienvenue et attendue, on aura des ambiances différentes qui feront que l’on ne s’ennuiera pas un seul instant. Une constante que j’ai observée dans tous leurs albums, et que je suis ravie de retrouver ici, encore. Le doute n’est décidément plus permis : oui, Ataraxia est et restera un remarquable groupe de néofolk… De plus, j’ai trouvé que sur Llyr, Francesca ne chantait pas de la même façon que la plupart du temps. Voix plus douce, plus discrète, moins de grands effets peut-être. Et cependant toujours autant d’émotion et de grandeur…La preuve en est de leur talent, s’il était encore à prouver.

Parmi les titres que j’ai le plus aimés, il y aura « Scarborough Fair » cette vieille chanson médiévale anglaise, parfaitement reprise ici. Le chant de Francesca y sera particulièrement nimbé d’émotion. J’ai aussi beaucoup « Elldamaar », qui se divise en deux parties (separées par deux autres chansons). Ce titre est particulièrement mystique, fait penser à des mélopées chamaniques, des chants de rituels. On se retrouve envoûtés par ces rythmes lancinants, le ton incantatoire de Francesca… Un aspect que l’on retrouvera encore plus dans « Gayatry Mantra » où nous arrivons tout droit au cœur d’une cérémonie rituelle païenne, d’une beauté à couper le souffle. Et notre souffle se suspend en effet, notre cœur s’apaise, notre esprit se tisse délicieusement à cette musique hors du temps, sublime, sombre et lumineuse à la fois…

Je pourrais continuer encore longtemps à parler de cet album, à dire quelque chose de positif sur chaque chanson, car je les ai toutes aimées. Mais je ne veux pas vous gâcher le plaisir de la découverte, je vous encourage vivement à écouter ce pur joyau de dark folk italienne. Mystique, émouvant, narratif, étonnant… les adjectifs pourraient pleuvoir longtemps le long de mes mots, illustrant chaque émotion qui m’a saisie à chaque nouvelle écoute, mais je vous laisse vous faire votre propre idée. Je vous laisse les suivre dans ce long voyage intérieur qui, je vous le souhaite, vous fera autant de bien qu’à moi.

Grazie, Ataraxia…

Tracklist :
1. Siqillat  
2. Scarborough Fair   
3. Quintaluna   
4. Llyr  
5. Elldamaar (Part 1)   
6. Evnyssien
7. Klepsydra 
8. Elldamaar (Part 2)
9. Gayatry Mantra
10. Borea1

 
 

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