Ataraxia Llyr (2010) (Prikosnovenie) Enregistré par Vittorio Vandelli 01 – Siqillat 02 – Scarborough Fair 03 – Quintaluna 04 – Llyr 05 – Elldamaar (Part 1) 06 – Evnyssien 07 – Klepsydra 08 – Elldamaar (Part 2) 09 – Gayatry Mantra 10 – Borea

Si la situation économique actuelle de la Grèce ne fait pas rêver, les artistes de la mouvance heavenly restent pourtant très inspirés ces derniers temps, et continuent de plonger l'auditeur dans l'âge d'or de ce beau pays. Ataraxia parcourt ainsi depuis vingt ans les dédales d'une musique folklorique délicatement onirique, à travers des textes mythologiques grecs et latins. Chaque album est un projet artistique où se mêlent musicologie, musique et théâtre. Le style de cette « troupe » italienne est recherché, et surtout très maîtrisé.

Llyr ne déroge pas à la règle. Tout y est mesuré, les arrangements nombreux et jamais pesant. Les instruments employés tels que les guitares, sitar, tablas, cloches, cordes diverses, etc. abondent et favorisent le mélange des genres. La voix singulière de Francesca est moins grandiloquente qu'auparavant et participe toujours pleinement de la création d'une ambiance esthétique singulière. Elle intercède dans ce nouveau disque en faveur du chaman Siqillat (écarlate en arabe) au travers duquel l'histoire se déroule, un personnage d'origine païenne qui aurait traversé les âges sous différentes formes afin de guérir les hommes. Francesca lui donne sa voix tantôt masculine et profonde, tantôt féminine et aérienne.

Le voyage s'annonce d'entrée immédiat, au croisement de Grèce antique et du monde celtique. Les univers se mêlent sans se ressembler et enveloppent l'oreille d'une chaleur douce, comme en témoigne « Scarborough Fair », chanson médiévale anglaise (dont on se souvient de la version popularisée par Simon and Garfunkel) parfaitement intégrée à l'album. Llyr est tout sauf une belle ballade : c'est une véritable aventure, qu'il faudra sans aucun doute venir partager incessamment sur scène, avec ces troubadours d'un autre temps.

Emeline Gosse