Depuis toujours, l’œuvre d’Ataraxia a uniquement été guidée par le besoin de création et la libre expression artistiques de ses membres, sans le moindre souci de suivre modes et courants musicaux et même, si besoin, au risque de dérouter le public. Avec ce nouvel opus, cette attitude jusqu’au-boutiste atteint un nouveau palier et il est fort probable que Paris Spleen trouve tout à la fois des amateurs que des détracteurs au sein même du public habituellement fidèle au groupe. Bien loin des atmosphères romantiques éthérées et brumeuses, des jardins d’orient et de la poésie des ménestrels, Ataraxia nous emmène cette fois dans le Paris décadent à la naissance du siècle dernier, ses poètes maudits, ses foires aux monstres, ses cabarets macabres et leurs spectacles de grand-guignol. Les quatre membres du groupe se sont entourés de musiciens (trombone, bandonéon, accordéon, violon, violoncelle…) réunis au sein du Circuz Kump. L’œuvre se veut spectaculaire, avec le coté théâtral du chant de Francesca Nicoli poussé à son paroxysme, avec des bruitages, des sons d’ambiance et autres commentaires. On flirte parfois avec les limites du grotesque et de l’outrancier. La musique évolue entre musette, chansons de cabaret et fanfare de cirque. Les paroles en Français (librement adaptées du « Spleen de Paris » de Baudelaire), chantées avec un délicieux accent italien, achèvent de plonger l’auditeur dans l’atmosphère enfumée du Cabaret de l’Enfer. Certains (dont je suis), trouveront l’exercice brillantissime. D’autres auront vraisemblablement plus difficile de s’y accrocher. Il convient, en tous cas, de se plonger, ne fut-ce qu’une fois, dans cette œuvre hors du commun.

PJH - Février 2007