Saviez-vous qu’au Portugual, pays à priori
peu réceptif aux musiques sombres et métalliques, résidait un label
: Equilibrium Music dédié depuis plusieurs années aux styles néoclassique,
heavenly, médiéval et ambient ? Dernièrement justement Duncan Patterson,
mentor de l’immense Alternative 4 d’Anathema a signé chez nos portuguais
pour son projet Ion quittant par là-même Antimatter.
Equilibrium Music vient d’avoir la délicieuse idée de réunir sur
un double digipack de toute beauté deux figures incontournables
des musiques dark et médiévales : Ataraxia et Autunna et sa Rose.
Ces deux formations transalpines ont grandement œuvré pour l’alliance
entre la musique classique et les concepts sombres et émotionnels.
Ataraxia, figure de prou du néo-médiéval après plusieurs albums
de marque entre autres chez Avantgarde, Prikosnovénie ou Apollyon
dévoile ici ce qui est d’ors et déjà une pièce d’exception pour
les fans du groupe. La formation italienne emmenée par la sybilline
Francesca Nicoli reprend onze titres de sa discographie dont deux
inédits entièrement en acoustique. Piano, guitare sèche très intimistes
dévoilent une autre face de standards du groupe tel que La Malediction
d’Ondine ou Ad Perpetuam Rei Memoriam.
Soulignons qu’à la différence de nombreux artistes qui ont peine
à présenter de nouveau morceaux inédits de qualités pour ce genre
de produit, l’apéritif : Strange Lights est sans doute le titre
le plus émotionnel de ce premier disque de ce split un peu particulier.
La guitare sèche et les faibles paroles masculines presque chuchotées
se montrent d’une intimité quasi cinématique. Vous vous figurez
la mer, l’écume qui l’entoure, et une chère bien-aimée à la voix
enchanteresse (demoiselle Nicoli, vous êtes si poignante…) qui vous
appellent tendrement. Et les baisers d’écume et la houle qui vous
chatouillent le visage…
Là est bien l’esprit d’Ataraxia ici : réechanter sobrement le quotidien
embrumé et préoccupant par un ailleurs enchanteur et onirique où
les clapotis d’une fontaine de jouvence se confondent avec des mélodies
douces et virginales. Francesca Nicoli est une fée dont la tessiture
se module au gré des émotions. Tour à tour grave et rugueuse (Fuga
Trionfale) en contraste avec la légèreté atmosphèrique de l’ensemble,
tour à tour sur des tons très aigus sur Veles Les Roses. Cette voix
est simplement époustouflante….dans les diverses modulations lunaires
qu’elle propose ! Simplement délicieux et adoucissant…. Plusieurs
titres sont presque des tubes tant les arrangements sont superbement
magnifiés et maîtrisés !
Autunna et sa Rose présentent quant à eux une musique véritablement
d’obédiance médiévale classique. Il s’agit d’un concert donné en
l’Eglise S. Michele à Rigo (Italie) le 31 mai 2003. L’épuration
instrumentale est frappante : un violoncelle, un narrateur, une
soprano. Sonia Visentin la soprano possède un organe fruit d’un
parcours musicale universitaire tant il est maîtrisé et discipliné.
Là où Ataraxia se voulait néo-médiéval en s’enveloppant d’un style
très comtemporain, Autunna et sa Rose est complètement classique
dans l’esprit. Il s’agit en définitive d’une pièce musicale pour
violoncelle, piano et soprano qui demande des affinités avec les
concerts classiques d’été comme il est possible de les suivre tout
au long de l’été sur la côté atlantique.
Point ou très peu de refrains ici donc pour onze titres très épurés,
parfois narrés, s’étirant vraiment telle une musique de chambre.
Le public, sa chaleur et ses applaudissements apportent une touche
particulière à cet ensemble dont les amateurs de violoncelle se
pourlécheront même s’il se veut plus asséché et « savant » qu’Ataraxia.
En somme, voici un split un peu particulier dont la grande force
est de relier le monde du classique et celui du néoclassique et
des musiques dark et heavenly. Il assoit de manière péremptoire
toute la concomittence qu’entretiennent ces deux mondes l’un suggéré
« savant » et dédié à des auditeurs « savants », l’autre inconsciemment
appelé « profane » dont le public est bien plus jeune.
Ici est donc prouvé et il était encore nécessaire de le démontrer
que le dark atmosphérique ou symphonique est définitivement une
musique populaire mais savante nécéssitant à sa manière un bagage
musicale. En témoigne la chanteuse d’exception : Francesca Nicoli.
____La hiérarchisation musicale sur fond d’élitisme est malheureusement
bien trop tenace dès qu’il s’agit de comparer le classique avec
un style adjacent.____
Note Générale : 8,5 / 10 | Production : 5 / 6 | Cover
: 5 / 6 | Composition : 5 / 6
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