Vittorio Vandelli est peut-être - de prime -
abord - un nom qui ne vous dit pas grand-chose - de fait, si vous ne
prêtez pas grande attention aux line-up des groupes c' est assez logique
- et sachant que l' homme est, on ne peut moins, pudique et réservé -
cela vous donne une raison de plus, seulement ce guitariste et
compositeur talentueux ouevre inlassablement dans le poétique, onirique
laboratoire en constante ébullition des guerriers évanescents d'
Ataraxia, et ceci depuis son éclosion , il y a de cela dix ans
.
De même que l' aventure musicale d ' Ataraxia s' est construite , consolidée, aguerrie
à l' ombre sereine d' une amitié forte, il n' y donc pas à présupposer ,
extrapoler - via cette sonore escapade - méditative, spirituelle et
existentielle - comme le sournois syndrôme malin d' une divergence
artistique, la participation non négligeable de Francesca en faisant foi
.
Vandelli a tout simplement ressenti le besoin urgent, l' envie
irrépressible de s ' exprimer, d' exprimer un sujet qui lui tenait à
coeur - la confrontation douloureuse de la condition humaine et de son
destin , au travers d' une grille de lecture privilégiée et romantique -
celle de Coleridge - traduite dans son ' The rhyme of the
ancient mariner ' .
Non loin de la portée dense et signifiante de
l' odyssée, l' oeuvre de Coleridge sert de toile de fond poétique et
symbolique à la démonstration personnelle et intime de Vandelli, qui ,
par le truchement des errances, tribulations, perditions du
protagoniste, trouve sa voie et voix - la musique, palliatif
indispensable et sublimatoire . Démonstration singulière, émouvante -
tout à la fois grave et légère - distillée au fil de ces quinze titres,
alternant instrumentaux et chansons, où Francesca appose sa voix -
changeant de registre ainsi que de façons d' interpréter, afin de rendre
des couleurs untant soit peu différentes d' Ataraxia - initiative
louable mais au final peu concluante - dans la mesure où beaucoup de
titres pourraient être signés Ataraxia.
Mise à part cette restriction critique, les couleurs
sont toujours aussi délicatement pâtinées de clair-obscur, de luminosité
voilée d' une mélancolie baroque, d' abyssales caresses atemporelles ,
ou de fugitives s éclaircies . D' apaisants paysages musicaux à la
variété génératrice, enveloppante et stimulante , peignant avec
sensibilité et intelligence, des fresques renaissantes, impressionnistes
faisant tout d' abord écho et résonnance avec la discographie d'
Ataraxia :
+ pêle - mêle ; influences
tirées de Suenos ( ' Whispers o' er sea ' dans une
filiation proche de ' I love every waving thing ' ) ,
Symphonia Sine Nomine dans le titre à tendance procession funèbre
' The Curse in a dead man ' , Lost Atlantis dans les univers cotonneux méditerranéens abordés dans
notamment ' A day of warm rain in heaven ' voire un petit
dernier Saphir avec ' Beneath the lighting ... '
rappelant sensiblement dans le côté andalou ' Azar ' )
.
De bien légitimes échos qui s'
évanouissent dans les airs afin de faire émerger à la surface des
atmosphères nouvelles, pink - floydiennes, celles-ci, incarnées avec
lyrisme dans un instrument plutôt incongru chez Ataraxia - bien
qu'utilisé sporadiquement sur certains albums - il fantasma dell ' opera - la guitare électrique sur les titres surprenants peut
-être mais délicieusement décalés, un tantinet plus expérimentaux ( un
peu dans l' esprit d' un fantasma dell' opera d' ailleurs ) - ' I
killed the albatross ' ou encore ' A sadder and a wiser man '
.
L' album fonctionne parfaitement sur une
structure savamment dosée de vagues , via des morceaux tango, ballades
rétro et nostalgiques , dont le ' Singeth a quiet tune ' dans la
mélodie introductive se rapproche bien du thème de Cinema Paradiso (
Morricone ) , de pauses andalouses, de plages éthérées hypnotiques voire
d' éphémères séquences industrielles.
Du
rivage, l' horizon parait à l 'homme si lointain que seule la mer semble
l' y toucher , l' embrasser. Encore que , via ce premier effort solo,
Vandelli parvient - si on est sensible à son univers - à nous entrouvrir
les portes de son paradis.
A conseiller
vivement aux afficionados du groupe , aux curieux et surtout amateurs de
musique .
- par elysia -