[Cruel Moon/Cold Meat Industry] C’est un bien joli concept qui se trame derrière les dix mouvements de ce nouvel album d’Ataraxia. En choisissant le jardin sous ses formes les plus diverses (jardins suspendus de Babylone, jardins japonais, français ou anglais), c’est ainsi toute une cohorte de parfums de fleurs, d’arbres, de fruits ou d’herbes qui viennent se mêler avec délicatesse aux nouvelles compositions du trio italien. Dix titres (onze si l’on compte le morceau caché) aux corolles mélancoliques dans lesquelles l’étrange voix métallique de Francesca Nicoli, tendue entre discordances légères et puissantes envolées lyriques, se fraye un chemin parmi les passiflores et les saules pleureurs. Des échos de fontaine, des bruissements de branches, un lys qui s’effeuille, c’est toute la nature qui respire au travers de chansons écrins aux textes contemplatifs et romantiques (The Gentle Sleep, Blood of Cherries, A Green for Her Voice). Ataraxia exhale là une poésie qu’on taxerait de champêtre, si les diverses symboliques (mythiques, magiques, etc.) accolées au mythe du jardin n’emportaient l’auditeur bien au-delà de la simple promenade bucolique. Armé de ses seules guitares classiques, synthés et percus, le groupe brosse avec conviction et passion un splendide tableau d’ombre et de lumière dans lequel se mêlent chaleur méditerranéenne, sérénité orientale, souvenirs d’enfance, mythologie ou encore raffinement victorien. "Saphir", un album à écouter, à respirer… Stéphane Leguay |